Le rythme de création à l’origine de ces travaux résultant d’une suite d’essais que l’artiste qualifie d’«al dente» est également essentiel. Serena Martinelli passe en effet d’une phase de travail lente, où le geste, l’émotion, la spiritualité sont intériorisés, comme dans la série Présence d’esprit, à des séquences qui sont, au contraire, «de l’énergie sauvage à l’état brut», à l’exemple de Monastero. Pour prendre la mesure de la pensée et de la matière, en saisir l’épaisseur, la texture et le relief, l’artiste trace sa route étape par étape, à la rencontre du monde. De ce cheminement exigeant et rigoureux naît une force de création inépuisable. Les estampes qu’elle expose témoignent de cette quête passionnante la poussant sans-cesse à se poser des questions nouvelles, à aller voir de l’autre côté de la montagne. Sa quête l’entraîne d’ailleurs régulièrement au cœur de la nature et jusque dans le désert saharien.
Armande Reymond
texte pour l’exposition de gravure à l’espace Equinoxe, Prilly

Serena Martinelli a un sens étonnamment concret de la matière, des mélanges d’encre et de gouache, par exemple, et son trait s’affirme de manières très diverses: nuancé, sensible, entre la subtilité, la tendresse, la liberté et la violence.
Cela parcourt toute son œuvre, à la limite du non-figuratif, mais habitée, justement,
par des présences mystérieuses, des regards qui semblent se cacher derrière les enchevêtrements d’une réalité expressive.
Serena trouve beaucoup de mystère dans une forêt, dans un arbre, dans une feuille,
qui deviennent des sources d’inspiration… Elle cherche, dans son travail, un contact avec une réalité autre, transcendante.
Pierre Hugli

D’abord j’ai emprunté un petit sentier qui m’a amenée à un autre petit sentier, qui m’amenait à faire autre chose, qui débouchait sur un autre sentier… Je me suis égarée, n’ai jamais réussi à trouver une grande route, moins encore une autoroute. Dans les chemins qu’il me fallait explorer, j’ai vécu des aventures en soi, à chaque fois c’était un recommencement. Certains semblaient faciles, d’autres plus tortueux, broussailleux. J’ai laissé les événements se dérouler sans forcer, sans respecter des critères fixés au départ.
Pierre Hugli
texte pour l’exposition à la Galerie du Château d’Avenches